Jean Marc Iacovella
14/05/2025

Loi de Finances 2025 : quels impacts pour votre fiscalité et comment adapter votre stratégie ?

La loi de Finances 2025, promulguée le 14 février dernier, vise à redresser les comptes publics à hauteur de 50 milliards d’euros. Jean-Marc Iacovella, vous êtes spécialiste de l’optimisation fiscale pour les particuliers et les entreprises.


Quelles sont, selon vous, les mesures clés de cette réforme ?


Jean-Marc Iacovella -

La loi de Finances a été attendue avec une certaine impatience. Son adoption tardive a généré un flou pour de nombreux contribuables, ce qui n’est jamais idéal pour construire une stratégie patrimoniale. Le texte reste assez transitoire, sans bouleversements majeurs immédiats, mais ce qui est préoccupant, c’est le manque de visibilité à moyen et plus long terme.

On parle d’un effort de redressement de 50 milliards d’euros : il est donc très probable que l’État aille chercher des marges de manœuvre dans la suppression d’avantages fiscaux ou une hausse ciblée des impôts. Il faut donc s’y préparer dès maintenant.


Quelles sont les mesures de la loi de Finances 2025 qui pourraient avoir un impact direct sur les particuliers et les entreprises ?


Jean-Marc Iacovella -

La grande nouveauté, c’est la fin progressive d’une certaine souplesse fiscale dont bénéficiaient notamment les investisseurs immobiliers. À cela s’ajoute une nouvelle contribution exceptionnelle pour les ménages les plus aisés, avec un objectif : que chacun contribue à hauteur d’au moins 20 % de son revenu imposable.

Côté entreprises, la mesure phare est celle du partage de la valeur. Certaines entreprises devront obligatoirement verser une partie de leur résultat à leurs salariés sous forme de participation ou d’intéressement. Cela peut représenter une charge importante si elle n’est pas anticipée.


Et du côté de l'immobilier, plus spécifiquement le statut LMNP, quelles sont les conséquences ?


Jean-Marc Iacovella -

Le régime du Loueur en Meublé Non Professionnel (LMNP) était jusqu’ici un outil très prisé pour sa capacité à générer des revenus peu fiscalisés grâce à l’amortissement du bien.

Ce qui change en 2025, c’est que ces amortissements devront désormais être réintégrés dans la base de calcul de la plus-value lors de la revente. C’est un vrai tournant. Concrètement, cela signifie que l’impôt sur la plus-value sera plus élevé si vous revendez un bien amorti. Cela va avoir deux conséquences directes : un ralentissement du marché de la location meublée et une nécessité de revoir sa stratégie de détention à long terme pour continuer à bénéficier des abattements fiscaux.

Et n’oublions pas la fin de la loi Pinel : le marché du neuf est quasi à l’arrêt. Il n’y a plus assez de projets pour soutenir une offre nouvelle, ce qui ajoute à l’incertitude.


Quel serait votre conseil à ceux qui ont déjà investi ou souhaitent investir en LMNP ?


Jean-Marc Iacovella -

L’immobilier reste une valeur tangible dans un contexte économique mondial incertain. Mais aujourd’hui, il est indispensable de diversifier intelligemment. Il ne suffit plus d’acheter un bien et d’attendre que la fiscalité fasse le reste.


Mon conseil : soyez plus sélectifs, réfléchissez à long terme, et faites-vous accompagner. Les solutions existent, mais elles doivent être personnalisées et adaptées à votre profil patrimonial. Un conseiller vous aide à sécuriser vos choix et à maintenir une trajectoire cohérente malgré la volatilité.


Et pour les entreprises, que recommandez-vous pour faire face aux nouvelles obligations de partage de la valeur ?


Jean-Marc Iacovella -

En effet, la loi de Finances pour 2025 introduit un renforcement des dispositifs de partage de la valeur en entreprise, avec une volonté claire : associer davantage les salariés aux performances de l’entreprise. Le principe ? Certaines entreprises, notamment celles de plus de 11 salariés et réalisant des bénéfices, doivent envisager de verser une part de leur résultat sous forme de participation, d’intéressement ou de prime exceptionnelle.


Cela peut représenter une nouvelle contrainte financière pour les dirigeants... mais aussi une opportunité lorsqu’elle est intégrée intelligemment dans une stratégie de rémunération globale. Nous avons d’ailleurs publié un article complet sur le site VALHORIZONS, avec un décryptage des modalités, des seuils concernés, et des exemples concrets d’optimisation . ["Partage de la valeur : ce que change la loi de Finances 2025 pour votre entreprise"].


Il y a des leviers pour optimiser cette obligation. Par exemple, on peut envisager des primes exceptionnelles à destination des salariés et du dirigeant, intégrées dans une stratégie de rémunération globale. Cela permet de limiter la pression fiscale, tout en valorisant les collaborateurs.


Encore une fois, l’anticipation et le sur-mesure sont essentiels. Chaque entreprise a ses spécificités : activité, taille, saisonnalité… Nous proposons une approche personnalisée pour accompagner la mise en œuvre de ces mesures tout en préservant la rentabilité.


Dans ce contexte géopolitique et économique incertain, faut-il revoir sa stratégie patrimoniale ?


Jean-Marc Iacovella -

Nous sommes clairement entrés dans une phase de rigueur budgétaire généralisée. L’objectif est de réduire les dettes, et cela passera inévitablement par une pression fiscale accrue. Mais attention : prudence ne signifie pas inaction.


Je recommande de patienter jusqu’à la rentrée, où des décrets viendront préciser les leviers fiscaux utilisables. En attendant, il faut recontextualiser vos choix : pourquoi avez-vous fait tel investissement ? Vos objectifs sont-ils toujours d’actualité ? Votre profil de risque est-il inchangé ? Restez convaincus des classes d'actifs sur lesquels vous avez investis.


En conclusion, je conseille de garder le cap. Dans ces périodes volatiles, un accompagnement personnalisé prend tout son sens. En tant que conseiller, mon rôle est d’apporter du recul, d’ajuster les allocations d’actifs au bon moment et surtout de préserver la cohérence globale de votre stratégie. Les marchés peuvent être source d’opportunités, mais encore faut-il savoir où et quand se positionner.


Un mot de la fin ?


Jean-Marc Iacovella -

Oui : ne subissez pas la fiscalité, utilisez-la intelligemment. C’est tout l’intérêt de se faire accompagner aujourd’hui. Une bonne stratégie, c’est celle qui s’adapte et c’est exactement notre mission chez VALHORIZONS.